En janvier 2016, l’artiste et dissident chinois Ai Weiwei annonce son intention de créer sur l’île de Lesbos en Grèce un mémorial pour les réfugiés de Méditerranée. « Beaucoup de gens ont perdu la vie en mer […] il faut un monument », déclare-t-il lors d’une conférence de presse. Quelques semaines plus tard, une photographie envahit les réseaux sociaux et tous les médias. Réalisée par Rohit Chawla, reporter pour Indian Today, cette image montre le corps de Ai Weiwei allongé sur le ventre, face à la mer sur cette même île de Lesbos. Le cliché fait référence à Aylan Kurdi, l’enfant syrien retrouvé sans vie le 2 septembre précédent sur une plage turque et dont la mort avait suscité tant d’émotion dans le monde. Pourtant, cette photographie dérange plus qu’elle ne suscite la compassion. Rien ne fonctionne dans cette reconstruction lourde et impudique du drame, posant les limites de la démarche souvent ambigüe de cet artiste qui épouse mieux que personne les complexités de son pays.
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