Hommage à Jean Dupuy
Hommage à Jean Dupuy
Jean Dupuy a quitté ce monde le 4 avril dernier. Mort des suites de la covid. Alors qu’il avait 95 ans et vécu mille vies avec un bonheur inouï. Sa disparition a profondément touché toutes celles et ceux qui l’ont connu. Et dieu sait s’il en a connu du monde durant toutes ces années. Peut-être le croyait-on immortel avec son éternelle jeunesse, cette fraîcheur qui le caractérisait tant malgré le grand âge. A force de nous saluer d’un « On ne se perd pas de vue » à chaque fois que nous le quittions, nous pensions en effet ne jamais le perdre.
Jean Dupuy possédait une élégance naturelle très duchampienne, personnage discret et en même temps très drôle, parfois caustique. Il savait instaurer une relation unique avec chaque personne croisée, même un court instant. Sa vie a été faite d’aventures et fut émaillée de multiples rencontres et d’amitiés tenaces. Il fut le témoin et l’acteur de plusieurs époques. On l’écoutait comme on écoute les anciens parler le soir au coin du feu. Reste son œuvre impossible à résumer en quelques lignes. Son art, profondément expérimental, n’a jamais cessé de se renouveler, motivé par la curiosité, avec cet étonnant mélange de recherches (parfois obsessionnelles), de fulgurances et de légèreté assumée. « Le hasard, c’est moi », aimait-il dire.
Dans ce hors-série spécial, Switch (on Paper) souhaite lui rendre hommage en publiant 14 textes écrits entre 1965 et 2021, dont deux inédits. Spécifiques ou généralistes, ils abordent les différents aspects de son œuvre : les peintures, l’art technologique, les performances collectives, les écritures anagrammatiques, les sculptures, le son et la musique, et d’autres productions qui viennent s’entremêler dans un formidable mélange d’inventivité. La moitié de ces textes est composée d’articles de presse qui permettent de comprendre à quel point l’œuvre de Jean Dupuy eut un écho critique favorable, notamment au travers de l’important relais médiatique dont elle bénéficia durant les décennies 1960 et 1970. Succès que Jean Dupuy ne chercha jamais à entretenir, et dont il s’éloignera même volontairement à plusieurs reprises, préférant au monde de l’art les expériences de l’art. Homme-orchestre d’une totale liberté, ne pouvant supporter qu’on lui impose la moindre contrainte, il était un homme d’une grande douceur, très attentif aux autres comme aux moindres choses qui nous entourent.
Cet hommage à Jean Dupuy porte autant sur son œuvre, incomparable, que sur cette liberté qu’il défendait coûte que coûte. Il a inventé des mondes mais surtout il s’est inventé lui-même.
Switch (on Paper) tient à remercier particulièrement Alexandre Gérard, son petit-neveu et l’un des principaux exégètes de l’œuvre de Jean Dupuy, qui a choisi les textes, fourni la documentation et supervisé l’ensemble de ce dossier exceptionnel. Switch (on Paper) remercie également les auteur.e.s des textes qui ont accepté la republication, ainsi que les auteur.e.s des textes inédits.
Couverture : Jean Dupuy par Renaud Monfourny pour la galerie Loevenbruck.
Pour toutes les autres images du dossier : © Adagp, Paris, 2021. Courtoisie Augustin Dupuy et galerie Loevenbruck.
Portrait de l'artiste
Who’s that guy ?* (*C’est qui ce type ?)
"L'art est ci. L'art est là" Jean Dupuy
Ce texte en forme de portrait a été écrit à l’occasion de la publication, en 2008, de l’ouvrage monographique « À la bonne heure ! », consacré à Jean Dupuy, coproduit par la Villa Arson, la Villa Tamaris, le MAMAC de Nice, les FRAC Bourgogne et Provence-Alpes-Côte d’Azur, et La Galerie François Barnoud (Dijon), chez Sémiose éditions avec des textes d’Arnaud Labelle-Rojoux, Éric Mangion, Robert Bonaccorsi, Erik Verhagen, Michel Giroud et Christian Xatrec.
Peintures
Jean Dupuy. Lettres de Paris
Cet article a été publié en mai 1965 dans la revue Art International. Écrit par le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot, le penseur et théoricien de la Figuration narrative, il évoque non sans un certain lyrisme la peinture de Jean Dupuy de cette époque, son « ascèse du geste » et son « élégance ». Le critique voit surtout en lui un « particularisme créateur », ce qui sonne comme une prémonition assez juste.
Peintures
Jean Dupuy. Peindre comme on marche sur l’eau.
Paru dans la revue Aujourd’hui en avril 1965, cet article signé par le critique d’art Julien Alvard décrit les libertés que Jean Dupuy s’est octroyées pour peindre à sa manière, dans la nature, en utilisant notamment des herbes comme pinceaux.
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