Aménager une camionnette, plus précisément un Trafic Renault modèle 1984 ; la peindre de couleur acidulée ; y installer des œuvres d’art afin de parcourir les routes de l’arrière-pays entre les Alpes françaises et italiennes. Depuis 1998, il y a, bien sûr, ces rencontres avec le public non initié, ces discussions animées avec des enfants, ces curiosités suscitées et l’appel de l’art, dans ces endroits mêmes où il n’est pas censé exister. Mais il y a, surtout, ce geste de colporteur, fonction sociale disparue, ce vendeur d’objets en tous genres, témoin et complice des rumeurs les plus diverses, acteur de la transmission entre villages et familles éloignées, par-delà les vallées et les cultures.
Conduite par Stéphane Guglielmet, La Galerie Ambulante traverse les cantons, l’hiver et à l’annonce du printemps, s’installe sur les places publiques, dans les cours de récréation, capte l’attention, tient le registre des foules restreintes. À l’intérieur du véhicule, les œuvres sont prétexte à l’échange, les enfants comme leurs complices sont amenés à inventer les images et les formes qui leur sont suggérées : sculpture en une minute avec Erwin Wurm, bricolage avec Thomas Hirschhorn, tracés de paysage avec Pierre Malphettes, attitude Fluxus avec Ben, peintures transgressives avec Thierry Lagalla, et même poésie sonore avec Bernard Heidsieck. Dans cette Galerie-là, tout se prête au jeu, à ce jeu essentiel qui constitue l’art et que l’art constitue.