Le Centre Arts et de Cultures Lobozounkpa (Cotonou) développe depuis 2014 un véritable travail de terrain par la formation dans un pays où il n’y a aucune école d’art. Il ne s’agit pas de reproduire les modèles occidentaux et académiques de l’enseignement. Le Centre invente ses propres méthodes en mettant notamment l’accent sur la production in situ et sur le dialogue avec des artistes étrangers lors de résidences de production. Le public peut aussi y découvrir une collection de récades, ces objets/symboles de l’autorité dans la tradition politique et culturelle du pays.
Cette collection s’est constituée grâce au soutien du galeriste Robert Vallois (Paris) et du Collectif des Antiquaires de Saint-Germain-des-Près qui ont offert au Centre une quarantaine de pièces. Ce don prend un sens particulier quand on sait que la France a refusé au mois de mars 2016 la restitution d’œuvres d’art béninoises spoliées par le colonialisme ou par toutes sortes de pillages commerciaux. L’argument défendu par le ministère des Affaires étrangères est que ces biens mal acquis font désormais partie de collections publiques et sont donc inaliénables.
L’artiste béninois Romuald Hazoumé estime quant à lui que les musées de son pays ne sont pas assez structurés pour accueillir un tel patrimoine. Quoi qu’il en soit, on aurait préféré que l’État français réponde de manière moins formelle et ouvre un dialogue plus structurant sur cet épineux sujet. La France a décidemment bien du mal à se pencher sur son passé colonial ! Ce geste de Robert Vallois et de ses amis est donc plus qu’une action de mécénat. C’est un geste politique.
Image de couverture : Charles Placide, Grand popo Cotonou, Fête de Vodoun, 2005 © Charles Placide