Le 2 juin 2019, des centaines de personnes manifestaient nues devant les bureaux de Facebook à New-York, arborant des autocollants de poitrines masculines sur leur peau pour protester contre une censure unilatérale de la nudité féminine sur les réseaux sociaux. Organisée par la Coalition nationale contre la censure, cette manifestation a eu un fort retentissement et a été attribuée au photographe américain Spencer Tunick, connu pour ses mises en scène réunissant des centaines de personnes nues. Il s’agit pourtant de la reprise d’un projet lancé en 2014 par l’artiste américaine Micol Hebron contre la suppression sur Instagram et Facebook de photos prises en faveur de la recherche contre le cancer du sein, où des femmes apparaissaient seins nus, tandis que les représentations des hommes torse nu échappent à la censure. La métaphore est double : de même que les poitrines féminines doivent être recouvertes par des poitrines masculines pour avoir le droit d’exister sur les réseaux sociaux, les travaux d’artistes femmes, de scientifiques ou d’écrivaines ont très souvent été sous-représentés ou bien attribués à leurs homologues masculins, comme le déplore l’artiste américaine Oriane Stender dans sa tribune « A Woman’s Work is Never Done (Or, Too Often, Is Done and Attributed to a Man) » publiée le 6 juin 2019 sur le site Hyperallergic.
Ces dernières années, et particulièrement depuis 2018, avec l’ampleur du mouvement #MeToo, ces oubliées de l’Histoire sont peu à peu réhabilitées, dans les manuels et les programmes scolaires mais aussi par l’intermédiaire d’expositions consacrées à la création féminine. En France, « [email protected] » (27 mai 2009 – 22 février 2011), une exposition thématique dédiée aux artistes femmes…