Les objets exposés, initialement destinés pour la plupart à la grande consommation, et que l’on a tous pu un jour apercevoir dans les rayons des hypermarchés, ont en commun d’avoir été de gros échecs commerciaux, de véritables flops pour les entreprises. Du masque électrique anti-rides aux poupées habillées en haillons, en passant par toutes sortes de produits alimentaires peu appétissants ou au stylo Bic réservé aux femmes, nous serons quelquefois soulagés que les produits n’aient pas trouvé leur public.
Parmi les marques représentées, on trouve les mastodontes des marchés internationaux : Google, Colgate, Coca-cola. Est-ce à dire que l’on peut être un leader dans son domaine et quand même parfois se fourvoyer complètement ? Bien sûr, nous répond le fondateur et directeur du Musée des échecs, Samuel West, Docteur en psychologie des organisations et spécialiste de l’innovation dans l’entreprise. Il soutient que notre rapport à l’échec, dans une société obsédée par le succès, est contre-productif et que c’est peut-être grâce à une culture d’entreprise à part et qui ne sanctionne pas les ratés, que la Suède est toujours en tête des classements internationaux sur l’innovation.
Ceci étant, il faut également voir dans le succès de ce malicieux musée le cynisme des grandes entreprises qui se servent ici de la notion d’échec comme d’un « capital sympathie » destiné à prouver par l’auto-dérision le caractère humain de leurs recherches : sans l’oublié Apple Newton en 93, pas d’Iphone ni d’Ipad ! Nous ne sommes pas tout à fait dupes de cette idéologie qui fait du doute un élément à part entière d’une stratégie de pur marketing…
Couverture : © The Museum of Failure, Colgate