Brexit
économie

Brexit, globalisation, 11 avril 2019

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Brexit or not Brexit

Chronique par Isabelle Rodriguez

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Saint-Pancras, la mythique gare londonienne, est le terminus de l’Eurostar qui transporte plus de neuf millions de voyageurs chaque année. Impossible désormais pour ces nombreux usagers venus d’Europe occidentale d’en traverser le hall sans tomber nez à nez avec l’œuvre de Tracey Emin. L’artiste britannique, qui dit avec l’emphase qui la caractérise avoir pleuré à l’annonce des résultats du referendum de juin 2016, offre « un message subliminal anti-brexit » en forme de déclaration d’amour. Sur vingt mètres de large, des lettres géantes diffusent leur lumière rose au dessus de l’horloge centrale et proclament  I Want My Time With You .

Tracey Emin fait partie des 282 artistes britanniques signataires d’une la tribune relayée par The Guardian appelant au «Remain». Parmi eux Martin Parr, Damien Hirst, Banksy, Tacita Dean, Bob et Roberta Smith, ou encore Jeremy Deller qui ont chacun présenté des oeuvres en faveur du maintien dans l’Union Européenne, de la simple déclaration d’amour aux voisins européens à l’expression plus directe d’une angoisse face à l’avenir du pays. Des artistes d’autres nationalités vivants au Royaume-Uni ont aussi réagi comme Laure Prouvost ou Wolfgang Tillmans.

Grayson Perry, plasticien et céramiste britannique né en 1960, connu aussi sous le nom de Claire, son alter ego vêtue de costumes féminins avec lesquels il arpente les expositions et les événements culturels, ne s’était quant à lui pas positionné publiquement à propos du Brexit à l’époque des élections. En 2017 cependant, il lançait un appel sur Channel 4 et sur son compte Twitter pour proposer au public de l’aider à créer une œuvre sur le sujet. Voilà donc les Britanniques invités à envoyer à l’artiste des photos ou des textes illustrant selon eux le Leave ou le Remain, et qui seront intégrés à son projet post-referendum dont il fait partager régulièrement l’avancée sur les réseaux sociaux.

Le résultat de ce travail est une paire de grands vases d’un peu plus d’un mètre de haut, identiques dans leur forme et dans leur taille, peints dans des camaïeux de bleu et qui à première vue ne se laissent pas vraiment distinguer l’un de l’autre. Chacun représente pourtant un versant opposé du houleux débat politique.

Les vases de Matching Pair ont été dévoilés dans le cadre du documentaire réalisé par Grayson, Divided Britain. L’artiste y présente son travail dans différentes régions en s’amusant de ce que les gens ne puissent pas si facilement identifier quel vase correspond à quel point de vue. «Je pensais que ce serait une expérience intéressante de faire un travail impliquant, pour utiliser le terme à la mode, le crowdsourcing via les médias sociaux. Les deux vases sont apparus remarquablement similaires, ce qui est un bon résultat, car nous avons tous beaucoup plus en commun que ce qui nous sépare », a-t-il déclaré.

En s’approchant un peu, les similarités s’estompent cependant rapidement devant les détails peints, à l’image de ces portraits de personnages emblématiques s’étant engagés d’un côté ou de l’autre, rappelant aussitôt les oppositions douloureuses qui secouent la société britannique au cœur d’un débat historique.

Couverture : Grayson Perry, Matching Pair, 2017. © DR

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