Centre d'art d'Izolyatsia
Centre d'art d'Izolyatsia

Annexion et destruction

Investigation par Luba Michailova

Sommaire

La Fondation IZOLYATSIA, association non gouvernementale à but non lucratif dédiée à la culture contemporaine, a été créée en 2010 dans les bâtiments d’une ancienne usine de matériaux d’isolation à Donetsk dans l’est de l’Ukraine. Présidée par Luba Michailova, elle se présente comme une plateforme pluridisciplinaire ouverte à tous les domaines de l’expression contemporaine. En pleine guerre du Donbass, le 9 juin 2014, la milice auto-proclamée République populaire de Donetsk s’empare des locaux. Toute l’équipe doit évacuer les lieux sur le champ, tandis que les œuvres produites sur place par les artistes résidents sont détruites. Exilée à Kiev dans d’anciens chantiers navals, la Fondation tente désormais de se reconstruire en menant une nouvelle forme d’activités entre l’art, l’économie et l’éducation.

Entretien avec Luba Michailova
Par Switch (on Paper)

Switch (on Paper) : Vous appartenez à une importante famille d’industriels ukrainiens. Comment est née l’entreprise et quelles sont ses activités exactes ?

Luba Michailova : Mon père était de la génération des Directeurs Rouges, c’est-à-dire grand chef d’entreprise sous le régime de l’Union Soviétique. Ingénieur, il a fondé une entreprise à Donetsk au début des années 1960, dans une période de modernisation de l’industrie. Il a été directeur de la compagnie pendant près de 50 ans. À son apogée, Izolyatsia produisait des matériaux isolants pour l’industrie du bâtiment, pour les centrales électriques et nucléaires, pour l’industrie du gaz et même pour le ministère de la défense soviétique. Ils approvisionnaient toutes les républiques de l’Union Soviétique et les pays socialistes. Environ mille personnes y travaillaient au quotidien.

Vue de l'ensemble de l'usine des matières isolantes à Donetsk

Vue de l’ensemble de l’usine des matières isolantes à Donetsk © IZOLYATSIA.

Mais Izolyatsia n’était pas seulement un lieu de travail : il y avait aussi des infrastructures répondant aux besoins sociaux – jardin d’enfants, cantine, club, orchestre, hôtel, etc. Depuis mon enfance, j’ai toujours su ce que voulait dire « responsabilité sociale », ce moment où une communauté en bonne santé devient le fondement d’une société. C’est ce que mon père m’a transmis et je lui en suis très reconnaissante.

Quand l’entreprise a cessé son activité à la suite de l’effondrement de l’Union Soviétique, les conséquences allèrent bien au-delà de l’arrêt de la production et du chômage, une vaste zone peuplée est morte parce que l’infrastructure sociale avait cessé de fonctionner. En 2010, avec l’idée d’insuffler une nouvelle vie à ce territoire post-industriel, nous avons décidé d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire en fondant IZOLYATSIA dans les locaux de l’ancienne usine Izolyatsia. Mon père a été le premier à encourager cette idée.

S.o.P. : Que signifie le mot « izolyatsia » ? Et quelles sont les missions et le programme de la Fondation ?

L.M. : Littéralement, « izolyatsia » signifie « isolation ». Ce nom exprime ainsi une notion de conservation, de protection contre des facteurs externes qui détériorent les matériaux. Cette notion reflète en quelque sorte le statut fragile de la culture en Ukraine. En 2010, nous étions la seule institution artistique à Donetsk. Il n’y avait pas d’artistes en activité, ni de commissaires d’exposition, ni de critiques d’art, ni même des personnes capables d’installer correctement une œuvre d’art. Notre projet de départ était donc de créer un équipement culturel, mais aussi de réunir un groupe de professionnels en ce domaine et ce, pour montrer aux habitants de l’Est de l’Ukraine qu’il est possible de travailler dans la culture.

Dès le début, nous avons été actifs dans trois domaines qui s’interpénètrent : la production d’œuvres in situ, des programmes éducatifs et le développement d’entreprises culturelles. La Fondation a ainsi organisé avec le photographe Boris Mikhailov une série de résidences internationales avec par exemple Partly Cloudy, [Ciel partiellement couvert], ou Turborealism qui réunissait des artistes venant de Nouvelle-Zélande, du Brésil, du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et d’Ukraine afin d’analyser et de repenser le contexte local du Donbass, ou encore Where is the Time? [Où est le temps ?].

En collaboration avec Galleria Continua, nous avons invité des artistes aussi divers que Kader Attia, Daniel Buren, Leandro Erlich, Moataz Nasr, Hans Op de Beeck ou Pascale Marthine Tayou. Tous ont produit des œuvres sur le site de la Fondation. Nous avons également organisé IZOFON, une résidence musicale avec des compositeurs de musique expérimentale qui ont donné des conférences et créé de la musique spécifiquement pour le site. Nous avons également organisé plusieurs expositions monographiques, dont celles de Cai Guo-Qiang, Rafael Lozano-Hemmer ou Jennifer Dalton.

Il était tout aussi important pour nous d’inviter des jeunes artistes ukrainiens moins connus, plasticiens ou designers, dans un programme que nous avons intitulé Switch On [Appuyer sur l’interrupteur]. C’est dans ce cadre que Lubko Deresh a organisé un atelier d’écriture ; Maria Kulikovska a réalisé un workshop sur l’art vidéo ; Hamlet Zinkovsky a donné une conférence intitulée « Pourquoi avons-nous besoin de l’art ? ». Au cours de ces conférences et masterclass organisées pour la jeunesse de Donetsk, les artistes ont tous partagé leurs connaissances, leurs compétences et, encore plus important, ils ont montré aux jeunes de la région qu’il y a plusieurs manières d’aborder la création artistique. Nous avons enfin soutenu une équipe de production artistique professionnelle et démarré un des premiers Fab Lab d’Ukraine (IZOLAB).

Cai Guo-Qiang, 1040m Underground

Cai Guo-Qiang, 1040m Underground, exposition © Dima Sergeev

Hamlet Zinkovsky, Chroniques du mec Piotr

Hamlet Zinkovsky, Chroniques du mec Piotr, à Mariupol © Evgeny Sosnovsky

Maria Kulikovska, Army of Clones

Maria Kulikovska, Army of Clones © Victor Corwic

Spaghetti Architecture

Atelier Spaghetti Architecture, Donets © Dima Sergeev

S.o.P. : Vous souhaitiez à l’époque développer une zone d’économie créative. Comment imaginiez-vous le lien entre cette forme d’économie, les résidences et les créations produites sur place par les artistes ?

L.M. : Nous nous sommes vite rendu compte que pour produire les œuvres de nos artistes en résidence nous avions besoin de franchir de nombreuses étapes et de bénéficier de la contribution de professionnels qualifiés et compétents, et que ceux-ci manquaient à Donetsk. Nous ressentions cruellement l’absence d’une économie locale de la création et, au travers de nos initiatives, nous avons tenté de faire naître une génération de travailleurs, indépendants des oligarques. Les entreprises culturelles jouent un rôle important dans la construction d’une véritable démocratie car elles naissent au sein de communautés locales et dépendent de la solidarité et de la confiance entre les personnes plutôt que de servir les intérêts corporatistes des hommes politiques et des grands industriels. Au cours des années, cinq de nos bénévoles sont devenus des membres à part entière de l’équipe d’IZOLYATSIA et nous continuons à collaborer de manière permanente avec beaucoup de travailleurs indépendants, ce qui crée un environnement de production, propice à la créativité, à la recherche et à la libre pensée.

S.o.P. : Comment expliquez-vous que le bâtiment de la Fondation ait été annexé le 9 juin 2014 par la milice pro-russe la République populaire de Donetsk ? Par le fait que le site domine la ville et qu’il possède un important réseau de tunnels souterrains ? Ou pensez-vous qu’il y ait également d’autres raisons, notamment idéologiques ou politiques par rapport à votre famille ?

L.M. : IZOLYATSIA a toujours eu un message social très clair : encourager la démocratie, défendre les droits de l’homme. Même si nous n’avons jamais soutenu un parti politique plutôt qu’un autre, nous avons toujours pris position énergiquement sur le plan politique. Bien évidemment, ces prises de position ont fortement agacé les autorités locales.

En 2013, avant l’occupation, nous avons organisé TechCamp Donetsk 2.0, un workshop sur les technologies numériques destiné aux ONG. Ce projet était soutenu par les États-Unis. Son ambassadeur nous a d’ailleurs rendu visite à cette occasion. L’événement a été interrompu par un groupe de personnes non identifiées, probablement payées par les autorités locales. Ils ont fait irruption dans la Fondation en brandissant des slogans comme « Internet n’est pas un espace pour faire la révolution » ou « Non au printemps arabe à Donetsk ». Certains d’entre eux brandissaient des drapeaux de la République populaire de Donetsk, un an avant que la révolte militaire ait lieu…

Nous n’ignorions évidemment pas que, bien avant avril 2014, date de l’occupation effective des bâtiments administratifs de Donetsk par la RPD, les élus de la région se préparaient à cette occupation. Ils étaient déjà intéressés par nos locaux, notamment à cause du bunker et des abris antiaériens. L’importance stratégique de l’ancienne usine a certainement été une des raisons de cette prise de contrôle.

Pascale Marthine Tayou, Make Up... Peace!

Pascale Marthine Tayou, Make Up… Peace! © Rusian Semichev.

S.o.P. : Les conditions d’évacuation de votre équipe ont été très brutales, traumatisantes. La milice a par ailleurs appréhendé une partie de votre collection, puis détruit en plusieurs étapes (entre l’été 2014 et le printemps 2015) les œuvres in situ, souvent de manière spectaculaire, comme en témoigne ce film qui révèle le dynamitage d’une œuvre de Pascale Marthine Tayou. Au-delà de l’effet de propagande politique, comment expliquez-vous ces gestes ?

L.M. : Ma réponse peut paraître brutale, mais le manque d’éducation a sans aucun doute fait partie des raisons. Les gens sont ici très hostiles vis-à-vis des choses qu’ils ne comprennent pas, dont l’art contemporain. De plus, à cause de la propagande, ils voyaient tout ce qui était nouveau et inhabituel comme étant « américain » (autrement dit opposé à ce qui était soviétique, c’est-à-dire à la tradition et à la « moralité »), et donc nuisible à la jeunesse. C’est pourquoi les miliciens ont déclaré que les œuvres exposées par IZOLYATSIA n’avaient rien à voir avec l’art, qu’elles étaient « décadentes » et « pornographiques ». La symbiose paradoxale qui règne aujourd’hui au sein de la RPD, ainsi qu’au sein de la Fédération russe, entre les valeurs soviétiques et les valeurs russes orthodoxes, désigne toutes les formes de culture occidentale (non-russe) comme étant réellement dangereuses pour la santé morale du peuple.

L’autre motivation évidente est financière. Toutes les œuvres produites en métal ont été vendues comme de la ferraille. Le site tout entier a été pillé et nombre d’espaces ont été utilisés pour entreposer des voitures volées. En fait, il est difficile de dire quelle a été la motivation première des mercenaires, si elle a été idéologique, stratégique ou commerciale. Il s’agissait probablement d’un mélange de tous ces facteurs.

S.o.P. : Les locaux de la Fondation sont désormais installés dans les anciens chantiers navals de Kiev. Une grande partie de l’équipe fondatrice vous a suivie. Cette relocalisation est-elle née d’un accord ou d’un partenariat avec le gouvernement ou de votre seule volonté ?

L.M. : IZOLYATSIA a été la seule institution culturelle contrainte à l’exil depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991. Notre cas étant unique et alarmant, nous nous sommes adressés au gouvernement ukrainien pour demander son soutien. Nous avons très vite diffusé en Europe des informations sur notre situation, notamment grâce à notre exposition Culture and Conflict: IZOLYATSIA in Exile [Culture et conflit : Izolyatsia en exil] organisée au Palais de Tokyo (Paris), à DOX (Prague) et à la Fondation Heinrich Böll (Berlin). Mais évidemment, nous nous adressions principalement à la société ukrainienne qui ne semble toujours pas comprendre la relation entre l’état de sa culture et sa situation politique. Nous avons organisé une manifestation au sein du cabinet de la Présidence de la République pour demander de l’aide, mais ils nous ont opposé un refus en nous expliquant qu’à cause de la guerre, il n’y avait plus aucun budget pour la culture.

Sergey Zakharov, House of Cards

Sergey Zakharov, House of Cards, exposition Culture and Conflict: IZOLYATSIA in Exile, au Palais de Tokyo © Dima Sergeev

Malheureusement, les autorités ukrainiennes sont encore incapables de se rendre compte du potentiel de la culture pour stabiliser la société. Elles ne voient pas que la guerre actuelle aurait certainement pu être évitée si la culture avait occupé une place plus importante dans la vie politique. Nous avons un nouveau gouvernement mais de vieux fonctionnaires. Leur conception de la culture date de l’époque de Léonid Brejnev, cette époque que l’on a appelée « l’Ère de la stagnation » pendant laquelle le gouvernement ne soutenait que les formes artistiques officielles et « idéologiquement correctes », ce qui, de fait, a eu pour effet de transformer la culture nationale en un simple embellissement stérile et inoffensif. Cette vision rassie prédomine toujours au Ministère de la Culture Ukrainien qui ne finance que des projets « patriotiques », encourageant les œuvres de propagande plutôt qu’une forme d’art critique ou une vision nouvelle de l’histoire qui encouragerait un dialogue entre les ukrainiens des différentes régions du pays.

Les activités d’IZOLYATSIA ne correspondent donc pas aux objectifs déclarés de la politique culturelle nationale ukrainienne, ce qui nous oblige à ne compter que sur nous-mêmes. Comme n’importe quel locataire, nous louons les espaces du chantier naval avec un bail commercial. Le choix du site est issu de notre seule volonté et de la mission que nous nous sommes fixé de revitaliser les zones postindustrielles en Ukraine. Pour financer nos activités, nous comptons également sur les donations des entreprises ou des personnes privées. Jamais le gouvernement ukrainien ne nous a soutenu de quelque manière que ce soit.

S.o.P. : En avril 2015, le gouvernement ukrainien décide de détruire toutes les œuvres et tous les monuments qui font référence au passé soviétique. Sous couvert de refus des régimes totalitaires, il semble que c’est la Russie qui est visée. A priori, ce n’est donc pas une « décommunisation », mais une « dé-russification ». Vous êtes vous-même collectionneuse d’œuvres issues du réalisme socialiste. Comment jugez-vous cette décision politique et culturelle ?

L.M. : IZOLYATSIA dirige le projet Soviet Mosaics in Ukraine qui vise à étudier et à cataloguer les mosaïques de l’époque soviétique que l’on trouve dans toute l’Ukraine : leur emplacement, leur statut et l’histoire de leurs auteurs. Beaucoup de ces œuvres ont été créées par des artistes ukrainiens célèbres pour qui les arts décoratifs étaient le seul mode d’expression créative possible à cette époque, vue la censure absolue en URSS. Parmi ces œuvres, on trouve de véritables chefs-d’œuvre du modernisme soviétique, dispersés dans toute l’Ukraine, souvent dans des petites villes ou des villages. Aujourd’hui, avec la loi très controversée de « décommunisation », beaucoup de ces pièces ont été détruites ou sont en passe de l’être. Il va sans dire que nous sommes fortement opposés à cette loi dans sa forme actuelle.

Galina Zubchenko et Gregory Prishedko, Victoire

Galina Zubchenko et Gregory Prishedko, Victoire, Kyiv © Yaroslav Kuznetsov

Ceci étant, nous comprenons la dimension politique de la loi, telle une tentative de se débarrasser de notre passé colonial. Depuis le XVIIIe siècle, la culture ukrainienne a toujours été opprimée de diverses manières par les autorités russes, à commencer en 1774 par la liquidation par l’impératrice Catherine du Zaporozhian Sich, lieu et symbole de naissance de notre nation politique. Puis, en culminant en 1876, avec le Ems Ukase du Tsar Alexandre II, qui interdisait l’utilisation de la langue ukrainienne dans les documents imprimés. Jusqu’en 1917, l’Ukraine n’était pas reconnue officiellement en tant que nation par les autorités de l’empire russe. On l’appelait la « petite Russie » et on considérait que sa langue était un dialecte rural du Sud issu du Russe, et ce malgré les irréfutables preuves linguistiques du contraire. Les bolcheviques ont utilisé une rhétorique différente pour obtenir le soutien de la population ukrainienne : ils parlaient des « nations sœurs » ukrainienne et russe. Les premières initiatives de l’Union Soviétique ont été marquées par une politique « d’indigénisation » générale, la langue et la culture ukrainiennes bénéficiant du soutien du gouvernement soviétique. Mais ces mesures ont disparu à la fin des années 1920 en laissant place à une terrible répression. Entre 1932 et 1933, une famine « provoquée », connue sous le nom de Holodomor surtout des paysans qui refusaient la collectivisation, tandis qu’en 1937, plus de 200 écrivains et artistes ukrainiens ont été exécutés ou réprimés par le régime stalinien. La répression contre les soi-disant « nationalistes ukrainiens » en URSS a continué jusque dans les années 1980. Un des exemples les plus célèbres étant la mort en 1985 du poète du Donbass Vasyl Stus dans un camp de travail pour prisonniers politiques.

L’histoire de la relation entre l’Ukraine et la Russie est donc complexe et traumatisante depuis bien longtemps. Nombre d’événements qui ont eu lieu pendant l’ère soviétique, comme Holodomor ou la participation de l’Ukraine à la Seconde Guerre mondiale, n’ont été dévoilés et rendus public que relativement récemment, donnant lieu à des débats agités dans la société. Il reste de nombreuses périodes de l’histoire de notre pays qui ont besoin d’être analysées par des spécialistes afin d’être dites, discutées et réévaluées. Malgré tout, il ne faut pas constamment regarder en arrière ni considérer que la culture est un cimetière. L’Ukraine a besoin aujourd’hui de se réconcilier et non pas d’encourager la haine au travers des différences idéologiques. La « décommunisation » sous sa forme actuelle est un recul qui rappelle la destruction des églises par les communistes dans les années 1920 et 1930. Les membres d’IZOLYATSIA regardent plutôt devant eux et tentent de voir au-delà des divisions politiques actuelles. Nous considérons que le passé est un héritage commun mais nos actions sont dirigées vers le futur.

S.o.P. : Vous souhaitez orienter les activités de la Fondation vers des missions éducatives et sociales. Comment imaginez-vous ces dernières et surtout comment pensez-vous qu’elles puissent être utiles à votre pays dans la période de crise que l’on connaît ?

L.M. : La culture peut adopter un très grand nombre de rôles et de formes. Elle peut intervenir EN AMONT d’un conflit pour tenter de le prévenir, PENDANT le conflit pour révéler différents points de vue et éventuellement proposer une réconciliation, APRÈS le conflit pour réfléchir à ce qui s’est passé et pour montrer les nombreuses alternatives et solutions afin de travailler à nouveau à la prévention des conflits.

En fait, nous pensons que les activités pédagogiques, culturelles et sociales telles que la mise en place de foires à vocation familiale, des programmes éducatifs ou des projets internationaux, conduisent à un rapport plus varié et plus tolérant avec le monde. Et donc, l’un des rôles majeurs de la culture est de permettre la découverte de cette variété et de cette diversité.

Voici ce qui se passe pendant les résidences d’artistes à IZOLYATSIA. Des artistes internationaux et ukrainiens se rendent dans un endroit précis – dans notre cas à Donetsk, Kiev ou Mariupol. Ils réfléchissent au contexte, à l’histoire, à l’énergie et à l’atmosphère du territoire. Ils collaborent avec les artistes locaux et transmettent leurs expériences et leurs idées sur le monde. Ces projets sont suivis d’une série de conférences et de rencontres destinées aux communautés locales pour que les gens puissent partager leur point de vue et enrichir leur compréhension des différentes approches et différentes manières de vivre et de créer.

De plus, nous estimons que le développement des activités créatrices est un bon entraînement pour prendre conscience des occasions qui se présentent à nous afin de prendre nos responsabilités et encourager la création de communautés d’esprit. L’idée de la créativité en tant que dimension économique a inspiré la création d’une structure appelée IZONE, une zone d’entreprises liées à la création, une création fortement orientée vers l’artisanat. Cette structure rassemble des entreprises telles qu’un laboratoire analogique pour réaliser des images grand format, un laboratoire de prototypes numériques nommé IZOLAB, et des ateliers de design, de couture, de sérigraphie et de gravure.

Il s’agit en fait d’un réseau d’initiatives afin de réunir des travailleurs qui partagent une même vision et une même activité. Il s’agit aussi de la possibilité de gagner sa vie avec ses propres efforts et ses propres ressources, tout comme développer une opinion indépendante. La guerre actuelle a déjà prouvé que dans les régions où il y a un plus grand nombre d’entreprises et d’initiatives culturelles, les gens sont plus conscients des problèmes et moins susceptibles de tomber dans les travers d’une propagande aveugle.

Editing par Christelle Alin, Nina Campo et Alexia Nicolaïdis.
Remerciements : Christelle Alin, Nina Campo et Alexia Nicolaïdis

Image de couverture : IZOLYATSIA à Kyïv © Dima Sergeev
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