© Wang Yang
environnement

Architecture, Urbex, 03 septembre 2018

© Wang Yang

1933, Shanghai
Abattoir et escape game

Investigation par Adrien Blouët et Wang Yang

Sommaire

Présenté par de nombreux sites de voyage comme un passage obligé des visites touristiques à Shanghai, 1933 Laochangfang – appelé en anglais 1933 Old Millfun et souvent abrégé 1933 – est un ancien abattoir de béton à l’architecture tentaculaire, situé derrière la zone portuaire du Huangpu. La ville tente depuis quelques années de lui donner une nouvelle vie par une reconversion en complexe commercial et de loisirs.

[ 1 ]

Le cóng est une pièce de jade sculptée, souvent allongée, à l’intérieur tubulaire et aux côtés rectangulaires.

[ 2 ]

Cette citation et la suivante sont extraites de Empire du Soleil (1984), et La Vie et rien d’autre (2008) de J.G. Ballard, tous deux publiés en France aux éditions Folio.

[ 3 ]

À ce sujet, voir Chine trois fois muette (2000), de Jean-François Billeter, publié en France aux éditions Allia.

[ 4 ]

Expression employée à posteriori par Sun Yat-Sen pour désigner les nombreux traités coloniaux imposés par les puissances étrangères à la suite de victoires militaires et signés par la Chine sous la contrainte.

[ 5 ]

À titre indicatif, en 1992, Shanghai comptait six cent cinquante étrangers, contre à nouveau cinquante mille aujourd’hui, en plus de trois cent mille Taïwanais.

[ 6 ]

Wang Bing, À la folie (2013). DVD, Arte Editions, 3h47.

Qu’on arrive du métro North Sichuan Road, de Hubai ou qu’on longe à pied la rivière qui traverse du nord au sud le district de Hongkou, où est situé 1933 Old Millfun, les espaces que l’on arpente paraissent, pourtant sur de courtes distances, contenir et résumer l’immense ville de Shanghai. Les quartiers en cours de gentrification alternent avec des immeubles de bureaux, les tours résidentielles avec des pâtés de petites maisons non loin desquels des couettes et des vêtements sèchent sur les étendoirs publics, en face de petits groupes de retraités installés sur le pas de leurs portes pour boire le thé, jouer aux cartes et toiser les passants. Les hautes tours embrumées de Pudong apparaissent et disparaissent au gré des virages, et on ne peut pas échapper à la présence récurrente des chantiers de construction ou de démolition et, surtout, à celle des ruines.

1933, Shanghai, 2018 © Wang Yang

Les ruines sont partout à Shanghai, à différents stades de leur courte vie : ensembles de maisons désertes aux fenêtres murées, abandonnées à la hâte par leurs anciens habitants relogés quelque part ailleurs ; morceaux d’immeubles poussiéreux à moitié démolis ; simples terrains vagues jonchés de gravats et de débris de plastique, paisiblement habités par quelques chats errants. Elles demeurent peu de temps dans cet état de silence immobile : rapidement, de nouvelles machines arrivent, creusent des fondations et érigent des buildings lisses, modernes et rentables, plus utilitaires et conformes à l’image que la première ville de Chine veut donner d’elle-même. Mais jusqu’ici, la diversité du paysage subsiste.

Traités inégaux et climat de fête

Cette diversité n’empêche pas, en arrivant à 1933, d’être étonné par l’incongruité du bâtiment : de l’extérieur, il n’est qu’un large cube de béton foncé (pour être plus précis : un parallélépipède rectangle, aux arrêtes verticales chanfreinées à 45°) dont la façade, du premier étage jusqu’au dernier étage, a l’aspect d’un moucharabieh vitré. Hormis le nombre d’étages – trois ou quatre, selon qu’on adopte un point de vue européen ou chinois –, ces ajours ne laissent rien deviner de l’intérieur. Si l’aspect et l’étrangeté de cette façade peuvent sembler anxiogènes, pour peu qu’on soit sensible à l’aura des lieux ou à des formes qui évoquent d’emblée l’architecture totalitaire, la présence discrète mais immanquable d’un Starbucks rassure instantanément, gommant en partie les questions et donnant une première idée de la fonction du lieu. Les autres vitrines du rez-de-chaussée, couvertes par une galerie bordée de colonnes qui les maintient dans l’ombre, sont une salle de sport, une supérette et quelques boutiques pas vraiment intrigantes.

L’entrée principale est au milieu, à côté du café. Une fois franchie, le souvenir de l’extérieur s’efface vite : j’ai l’impression d’entrer dans une galerie commerciale, en plus sombre, plus basse et bétonnée. Il faut avancer quelques mètres pour avoir accès à la lumière du jour et à la cour intérieure, occupée presque en totalité par la deuxième partie de la construction, un atrium circulaire lui aussi de béton et de verre. Cet atrium est relié à la première partie de l’édifice par un enchevêtrement apparemment anarchique de passerelles et de ponts : levant les yeux, on se perd dans une multitude de diagonales, de perspectives et de points de fuite. Cet aspect général du bâtiment, un rond dans un carré, évoque pour les Chinois la forme du cong, un objet cultuel à la fonction imprécise, mais qui illustre la conception antique de l’univers rond et de la terre carrée imbriqués l’un dans l’autre1. Pourtant, cet abattoir a été conçu en 1933 par un architecte britannique du nom de Balfours, dont je ne suis pas le seul à n’avoir trouvé aucune trace. Financé par le conseil municipal de Shanghai, ce bâtiment aurait eu deux semblables, à Londres et aux États-Unis, ou peut-être en Inde, mais il ne demeure de ces deux abattoirs hypothétiques ni vestige ni témoignage direct.

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1933, Shanghai, 2018 © Wang Yang

En 1933, les armées japonaises ont déjà envahi la Mandchourie. Il leur faudra quatre années supplémentaires pour mettre fin au « cocktail de cinquante ans qu’avait été Shanghai », selon les mots de J.G. Ballard, lui aussi citoyen britannique, qui y passa sa jeunesse2. C’est en effet au cours des années vingt et trente que s’est constitué à Shanghai un énorme capital financier, faisant de cette mégapole portuaire une place d’avant-garde du capitalisme en Asie3. « Tout était à vendre et à acheter », dit encore Ballard dans son autobiographie, dans laquelle il dépeint un portrait apocalyptique de Shanghai, où la guerre et la plus extrême misère côtoient les fortunés habitants des « concessions étrangères ». Celles-ci – à l’époque une concession française et une concession internationale, dans laquelle était situé 1933 – occupaient une importante partie du centre de la ville. La Grande-Bretagne avait d’abord obtenu sa propre concession à la fin de la première guerre de l’opium, avant qu’elle ne fusionne avec la concession américaine suite à la mise à sac méthodique, réalisée par ses armées avec le concours des troupes napoléoniennes au début des années 1860, de l’Ancien palais d’été – le légendaire Yuanming Yuan, Jardin de la clarté parfaite – et à la signature de nouveaux « traités inégaux »4.

Dans les années trente, environ cinquante mille étrangers vivaient à Shanghai5, loin de se sentir concernés par la guerre sino-japonaise. C’est dans un contexte de relative insouciance et de grande prospérité économique que les membres du conseil municipal des concessions étrangères, dont pas un seul n’était Chinois, décidèrent de doter la ville de l’abattoir le plus cher et le plus performant jamais construit à l’époque. Hormis le soucis de nourrir en viande cette riche population, on peut imaginer qu’une construction de ce type participait pleinement, dans l’imaginaire colonial, à hisser Shanghai au rang de ville industrielle, au sein d’un vaste pays encore très majoritairement rural.

La compagnie Yu Hongji Construction Firm, chargée de la construction de l’abattoir, était chinoise et l’une des trois plus grandes à Shanghai, mais le ciment fut importé, cette fois encore, de Grande-Bretagne. En se limitant à des sources anglo-saxonnes (ce à quoi mon niveau de chinois me contraint pour le moment), il est impossible de savoir si Balfours connaissait Shanghai ou s’il dessina les plans en Angleterre, avant de les transmettre à ses homologues en Chine, et éventuellement aux États-Unis ou en Inde. Dans ces autres pays, la forme de l’abattoir n’évoque, il me semble, ni l’univers, ni la terre ; tout au plus rappelle-t-elle les panoptiques imaginés en Angleterre par les frères Bentham à la fin du xviiie siècle. Quand bien même Balfours ou ses collaborateurs auraient été familiers de la pensée chinoise, on peut se demander ce qu’aurait évoqué cette forme dans d’autres parties du monde, si ce n’est un exotisme dissimulé et, dans le cas d’un tel édifice, quelque peu superflu.

History • Architecture • Lifestyle

Aussi imprécises ou invérifiables qu’elles soient, certaines des informations ci-dessus proviennent du dépliant bilingue chinois et anglais distribué au guichet d’accueil de 1933, où l’on trouve également des cartes postales illustrées de photos de l’intérieur désert du bâtiment.

En pratique, 1933 est rarement désert. Moins densément fréquenté que les centres commerciaux qui pullulent à Shanghai, il semble néanmoins attirer un public assez conséquent de curieux, de touristes et d’arpenteurs solitaires. History, Architecture et Lifestyle, annonce le dépliant, avant de décrire les activités assez floues dont on peut profiter sur place : boutiques et gastronomie, puis « Fantastic 1933 ». Spicy Party, Modern Drama, Fashion Rendezvous : cette dernière page concerne la grande salle de conférence circulaire située au sommet de l’atrium, où se tiennent des événements marketing, quelques concerts et des soirées de gala. À voir les photos, la salle, agrémentée d’écrans géants et d’épaisses tentures, ressemble à n’importe quelle autre vouée au même usage.

Mais en plus de ces informations promotionnelles, on trouve également à l’envers du dépliant l’histoire et la description du fonctionnement de l’abattoir. On y mentionne les nombreuses colonnes – plus de trois cents – qui supportent les plafonds sans poutres, la structure entièrement en béton et le système d’aération que je comparais plus haut à un moucharabieh. Celui-ci serait volontairement orienté en direction du paradis bouddhiste, à l’ouest, afin d’arracher les âmes des bêtes abattues à ce purgatoire de béton. Plus prosaïquement, il était destiné à maintenir au frais l’abattoir même par grande chaleur subtropicale, ainsi qu’à évacuer les odeurs nauséabondes qu’entrainait nécessairement le travail de boucherie. Tout cela était, à l’époque, à la pointe de la technologie.

L’alignement des colonnes octogonales, évasées au sommet, rappelle les perspectives des basiliques romanes tandis que les ponts et les passerelles pour le passage du bétail créent des jeux d’ombre et de lumière fluctuants. En faisant le tour de l’atrium, au rez-de-chaussée, je remarque surtout que la plupart des magasins – un bijoutier, la salle de fitness – sont plongés dans la pénombre et s’en arrangent comme ils peuvent, tamisant la lumière électrique pour une ambiance troglodyte ou vaguement médiévale.

De nombreux ascenseurs et une multitude d’escaliers en spirales permettent de gagner les étages, mais le dépliant recommande aux visiteurs d’emprunter le chemin qui servait aux troupeaux de bovins, et ce afin de « ressentir le style des années 1930 ». Quelques plantes vertes croupissent à côté de cette voie d’accès qui jouxte un espace triangulaire, ouvert et flanqué de lourdes portes grises et numérotées, près desquelles ont été ajoutés, pour un effet de folklore, des pictogrammes représentant un bovin derrière des barreaux. Salle de détention, est-il précisé. Devant ces cachots, le sol est bombé, rainuré et cerné de gouttières d’évacuation destinées au sang des animaux. La partie la plus artisanale du travail de découpe des carcasses avait probablement lieu ici. Le bétail qui s’engouffrait dans la voie d’accès au premier étage avait donc très vite une idée du sort qui l’attendait. En grimpant cette pente douce grossièrement sillonnée afin d’éviter aux sabots de déraper, je me figure le climat des années trente, passablement tendu.

© Wang Yang

1933, Shanghai, 2018 © Wang Yang

Dans les étages, une dalle de béton lisse a été coulée au sol. Du premier étage, le regard embrasse mieux les multiples ponts et permet d’avoir un point de vue plus clair sur la forme alambiquée de 1933. Un peu partout, des photographes jouent à cache-cache entre les piliers et les balcons : amateurs ou très équipés, seuls ou avec leurs modèles, ils paraissent constituer la catégorie de visiteurs la plus assidue, trouvant dans ce dédale de lignes et de courbes une aire de jeu des plus photogéniques. Malgré quelques ampoules, la coursive qui entoure le bâtiment demeure obscure : un plafond bas et la rotonde qui remplit la cour empêchent le large couloir de bénéficier de la lumière du ciel qui n’arrive jusqu’ici que très diffuse.

En commençant à faire le tour du bâtiment, un sentiment de familiarité me vient : cette architecture, une cour intérieure encerclée par une coursive qui la domine et dont on peut faire le tour, m’en rappelle une autre, similaire, ayant servi de cadre au réalisateur chinois Wang Bing pour son film À la folie. Dans ce long documentaire en quasi-huis clos, on suit le quotidien carcéral d’une quarantaine d’hommes enfermés dans un hôpital psychiatrique du Yunnan, à deux mille kilomètres au sud-ouest de Shanghai6. Chez Wang Bing, cependant, la coursive est grillagée et beaucoup plus étroite. À la fois chemin de ronde et unique occasion de promenade, elle est également contiguë aux salles dans lesquelles vivent et dorment les captifs. À 1933, ces salles étaient jadis des chambres froides, ou bien celles où les bêtes prenaient leur dernier repas. Elles accueillent maintenant des sanitaires, des cuisines, et même un restaurant, au nom choisi avec goût : The Bull Market. La coursive de 1933 a beau ne pas être grillagée, elle n’en est pas moins oppressante que celle de À la folie : avec l’atrium tout proche, la vue n’est jamais dégagée, et les seules échappatoires proposées par cette écrasante galerie sont les ponts en forme d’entonnoirs, de largeurs diverses, qu’empruntaient les bovins après leur repas pour rejoindre l’atrium, où avait lieu leur mise à mort.

Nouvelle vie

À ma connaissance, 1933 n’est pas le seul abattoir à avoir connu une reconversion. À l’époque où le transport frigorifique était encore à peu près inexistant, on construisait les abattoirs au cœur des villes, sans doute pour écourter autant que possible le circuit du producteur au consommateur. Aujourd’hui, on imagine mal des troupeaux déambuler à pied ou en camion dans les rues assainies des grandes métropoles, et les abattoirs, comme la plupart des autres bâtiments industriels, ont été délocalisés à l’abri des regards et des narines sensibles du plus grand nombre. Certains anciens abattoirs, par exemple à Toulouse ou à Rome, accueillent désormais des musées d’art contemporain, d’autres – parmi eux les jumeaux supposés de 1933 – ont été détruits, pour installer à leurs places des logements pour les citadins les moins superstitieux. Suite à l’arrêt de sa production de viande, l’ancien abattoir aurait rempli diverses fonctions, avant de passer quelques années en sursis à l’état de ruine. Peut-être l’idée d’un centre d’art entre les murs de 1933 a-t-elle été envisagée, puis écartée, son architecture écrasante considérée comme une contrainte trop lourde et incompatible avec les exigences de l’exposition.

Quoiqu’il en soit, les activités ayant cours ici aujourd’hui sont aussi variées qu’imprécises : on trouve au premier étage un Cigar club, un théâtre dont les affiches en bilingue disent le souci d’attirer un public international, quelques boutiques branchées et un café dont la plus grande partie est dédiée au divertissement des chiens qui glissent sur de petits toboggans sous la surveillance bienveillante du personnel.

Une fois achevé le tour du périmètre carré de la cour, j’emprunte un escalier étroit pour gagner le deuxième étage. Des détails rappellent un peu partout la mémoire du lieu : d’énormes gonds d’acier coulés dans le ciment sont restés dans l’encadrement des ouvertures, et il arrive que certaines aient été soigneusement pratiquées dans des parapets afin de faciliter la circulation actuelle des visiteurs, qui ne risquent plus de croiser un bœuf égaré.

Les coursives des étages supérieurs ne permettent pas un tour complet du bâtiment. Du côté de la façade ouest, celle occupée par le système de ventilation, les galeries sont en décalage, accessible là encore par des escaliers croisés et des chemins en pente. Plus on monte, plus la lumière du ciel éclaire les espaces, et les startups et autres studios spécialisés en portrait de bébés du dernier étage sont, à cet égard, les mieux loties. Sur le toit, quelques terrasses désolées attendent des jours meilleurs pour reprendre vie au printemps.

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1933, Shanghai, 2018 © Wang Yang

Le dernier étage de l’atrium est le point névralgique de 1933, non seulement topographiquement, mais aussi sans aucun doute du point de vue lucratif. Une fois atteint l’intérieur par l’un des ponts bétonnés, je me retrouve sous la grande salle de conférence. À en croire le dépliant, son sol vitré dernier cri est prévu pour supporter quatre cents kilos par mètre carré. La proximité de l’abattoir avec les plus grands hôtels du Bund est également mise en avant, ainsi que la présence d’un monte-charge permettant de hisser une voiture jusqu’à la salle.

Vu de l’étage d’en dessous, impossible de savoir si un nouveau modèle de concept-car figurera ce soir sur le podium, mais l’agitation est perceptible à travers le plafond de verre. Des livreurs de repas trébuchent dans les escaliers et les techniciens testent toutes les enceintes à la fois dans une grande confusion sonore. On dresse probablement des tables dans la vaste salle à manger rectangulaire, côté ouest, à laquelle des vigiles me découragent d’accéder.

Le reste de l’atrium semble vide, hormis quelques photographes silencieux dissimulés çà et là. Aucune activité n’est proposée par ici. L’atmosphère est à nouveau plongée dans la pénombre : des baies vitrées, doublées de lourds rideaux, ont été ajoutées entre les colonnes qui entourent le puits central. Derrière elles, au milieu des pièces latérales, des rings de boxe poussiéreux s’affaissent, abandonnés, probablement à l’endroit même où avait lieu l’abattage. Cet espace circulaire n’est pas si vaste, et aucune trace de cloison durable ne demeure. Difficile de comprendre où et comment les bêtes terminaient leur parcours autrement que dans un chaos total.

Le premier étage est organisé sur le même principe. À la place des rings se trouve un terrain de hunger games dans le noir complet, protégé par des filets de camouflage militaire. Un écran montre une vidéo, filmée en infra-rouges, des jeunes portant des lunettes de vision nocturne se décochant des flèches dans un terrain semé de grosses structures en mousse. Là encore, silence, et personne pour me louer une épée.

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1933, Shanghai, 2018 © Wang Yang

Au fond du puits central, c’est l’ambiance inverse : un univers multicolore qui semble ici complètement insensé, entre Alice au Pays des merveilles et l’arbre des garçons perdus du Pays imaginaire, fait de bois peint, de fausses pelouses et de cabanons sens dessus dessous. Je descends me renseigner : c’est une salle d’escape game, jeu de société grandeur nature où les joueurs enfermés dans une pièce doivent résoudre des énigmes en temps limité pour accéder à la sortie. Je regrette presque que tout soit en chinois : finalement, ce genre de labyrinthe mental est certainement l’attraction qui trouve le mieux sa place à 1933. À cet endroit, elle est comme le cœur bigarré de cet étrange blockhaus et peut-être même la raison pour laquelle les autorités, d’ordinaire peu enclines à entretenir les bâtiments issus de l’histoire coloniale, s’obstinent à conserver celui-ci comme un monument.

En traversant le hall d’entrée, il me semble plus désert qu’à mon arrivée. Je sors sain et sauf, et peux poursuivre ma promenade.

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Remerciements : Paul Devautour
Couverture et portfolio : © Wang Yang

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