Docteure en philosophie, enseignante et musicienne sous le nom La Féline, dont le nouvel album Vie Future est sorti en octobre 2019, Agnès Gayraud signe Dialectique de la pop (éditions La Découverte), un imposant ouvrage qui s’inscrit en faux contre le dogme de la Modernité musicale, érigé par Theodor W. Adorno, qui réserve à une certaine musique savante le privilège de l’authenticité. Elle y soutient que la musique populaire enregistrée, réputée légère, inauthentique et sans conséquence, incarne a contrario un art musical majeur, qui va bien au-delà du seul statut d’objet de consommation.
Le “hater” ou le “troll” est une figure bien connue des réseaux sociaux : c’est un commentateur hostile, qui argumente en général, avec une certaine dose de mauvaise foi et de méchanceté assumée, pour démontrer la nullité de ce que d’autres portent aux nues. Il convoque généralement en contrepartie des modèles à ses yeux irréprochables. Concernant la musique populaire légère, les saillies hostiles d’Adorno se rapprochent de ce modèle de contempteur. Mais dans la mesure où, comme il le déclare en 1968 dans un entretien télévisé, selon lui, “toute la musique populaire légère est mauvaise, mauvaise sans exception”, cette position devient chez lui hyperbolique, c’est-à-dire totalisante.
La Théorie Critique est un mouvement de pensée apparu dans les années 1930 en Allemagne, fondé à Francfort par Max Horkheimer et Theodor Adorno, avec le projet de construire une critique globale de la société industrialisée, à partir d’outils marxistes, freudiens et nietzschéens. Elle est pionnière des recherches critiques et philosophiques sur des effets de l’industrialisation de la culture au xxe siècle : voir les travaux de Walter Benjamin sur les effets politiques de la photographie et du cinéma ou ceux d’Adorno sur la radio et la télévision, et sur l’industrie culturelle en général avec Horkheimer.
La dialectique hégélienne est réconciliatrice : elle passe par le négatif, mais elle suppose toujours son dépassement dans une réconciliation spéculative. La dialectique négative ou critique consiste à conserver cette exigence hégélienne du passage par le négatif, mais à s’y tenir, à séjourner dans la contradiction. L’art musical pop contient profondément un élan vers la réconciliation, mais toute son histoire est une confrontation permanente avec le négatif (l’inauthenticité, le déracinement, l’impersonnalité, le faux universel, l’appropriation, etc.).
Docteure en philosophie, enseignante et musicienne sous le nom La Féline, dont le nouvel album Vie Future est sorti en octobre 2019, Agnès Gayraud signe Dialectique de la pop (éditions La Découverte), un imposant ouvrage qui s’inscrit en faux contre le dogme de la Modernité musicale, érigé par Theodor W. Adorno, qui réserve à une certaine musique savante le privilège de l’authenticité. Elle y soutient que la musique populaire enregistrée, réputée légère, inauthentique et sans conséquence, incarne a contrario un art musical majeur, qui va bien au-delà du seul statut d’objet de consommation.