Dans un monde où la production d’information de toute nature atteint désormais des volumes effarants – on estime par exemple à 500 millions la quantité de contenus publiés chaque jour sur Twitter, soit 5 787 par seconde – submergeant nos capacités cognitives, créant un sentiment d’urgence anxiogène et un niveau de pollution jamais atteint, le projet de l’artiste écossaise Katie Paterson apparaît comme une bulle d’oxygène.
Démarrée en 2014, la Bibliothèque du Futur se veut une anthologie de littérature écrite par une centaine d’auteurs contemporains, de tous âges et de toutes nationalités, et publiée dans très exactement un siècle. Pour ce faire, l’artiste a d’ores et déjà fait planter un millier d’épicéas de Norvège à Nordmaska, un espace protégé au nord d’Oslo, connu depuis sous le très borgésien patronyme de Forêt de la Bibliothèque du Futur. Ces arbres serviront à l’impression des ouvrages qui ne seront disponibles à la lecture qu’en 2114.
En attendant, quatre auteurs internationaux ont déjà été sélectionnés : l’écrivaine canadienne Margaret Atwood, le romancier anglais David Mitchell, le poète et auteur de nouvelles islandais Sjòn. Dernière en date, la turque Elif Shafak, romancière à succès et auteur d’œuvres de non-fiction, est actuellement à l’ouvrage et livrera son manuscrit le samedi 2 juin 2018 lors d’une cérémonie à Oslo. C’est au sein du nouveau bâtiment de la Deichmanske Public Library qui ouvrira ses portes en 2019 à Bjorvika, dans la périphérie d’Oslo, que sont mis sous scellé les ouvrages pour ce projet artistique hors norme. A méditer lors de votre prochain tweet dont la durée de vie est estimée à 3 heures.