Jean Dupuy, N° 30, 1965, acrylique sur toile, 142 x 200 cm (Photo : Eddy Herier) Collection Centre Pompidou
portrait

Artiste, 21 janvier 2022

Jean Dupuy, N° 30, 1965, acrylique sur toile, 142 x 200 cm (Photo : Eddy Herier) Collection Centre Pompidou

Peintures Jean Dupuy. Lettres de Paris

Essai par Gérald Gassiot-Talabot

Sommaire de l’édition

Cet article a été publié en mai 1965 dans la revue Art International. Écrit par le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot, le penseur et théoricien de la Figuration narrative, il évoque non sans un certain lyrisme la peinture de Jean Dupuy de cette époque, son « ascèse du geste » et son « élégance ». Le critique voit surtout en lui un « particularisme créateur », ce qui sonne comme une prémonition assez juste.

[…] Jean Dupuy dont les toiles ont été remarquées dans plusieurs salons ces dernières années, est parvenu à une période de plénitude créatrice tout à fait heureuse. Sa mise en page s’est, s’il se peut, allégée, son geste pulvérisé en une infinité de gouttelettes, la présence légère qu’il sait imprimer à ses toiles n’en est devenue que plus convaincante et plus pénétrante. Dupuy réussit cette prouesse d’aller, dans chaque toile, à l’extrémité d’une tension, à un paroxysme nerveux, mental et sensoriel, sans que son tour de force tourne au procédé. Quelque chose de gracieux tempère son exigence, l’ascèse du geste se nuance d’élégance ; sa peinture est à la fois offrande et attente, méditation et participation au monde ; elle fait son miel de rythmes naturels, du commerce des heures et des jours, et d’un certain faisceau d’idées et de croyances fondées sur un comportement de vie et sur une fidélité à soi-même tout à fait estimables.

C’est par des œuvres comme la sienne que l’on voit comment la peinture de geste peut se survivre, et comment les peintres d’intériorité auraient tort de forcer leur talent et leur nature à suivre les tendances générales de la peinture d’aujourd’hui qui conduisent à l’extraversion, à l’évidence, au flash chromatique. Les peintres de la race de Dupuy auront tout intérêt à rester dans leur belle exigence ; la fortune, le sourire des marchands, les complaisances de certains critiques les élèveront quelque temps, mais l’on saura faire leurs comptes lorsque, saturée d’objectivation, la mode reviendra, dans deux ans ou dans trois, par un inévitable mouvement de balancement, au particularisme créateur. De toute façon, ce sont les individualités les plus affirmées qui survivront à ce flux et à ce reflux, et c’est d’elles seules que nous devons nous préoccuper. […]

Jean Dupuy, N° 11, 1964, acrylique sur papier, 51 x 67 cm (Photo : Eddy Herier)

Jean Dupuy, N° 11, 1964, acrylique sur papier, 51 x 67 cm. Photo : Eddy Herier.

Couverture : Jean Dupuy, N° 30, 1965, acrylique sur toile, 142 x 200 cm. Photo : Eddy Herier. Collection Centre Pompidou

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